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LE PRIX DU TERROIR : QUELS RENDEMENTS ?

mercredi 17 février 2010


C’est la taille...je feuillette "LE VIGNERON ANGEVIN" Docteur Maisonneuve édition 1928... J’arrive au chapitre "la taille de la vigne en Anjou" "1° Taille du Chenin blanc sur les coteaux"..qu’en disait donc le Docteur, contemporain de mon arrière grand’mère Maria Juby ? En fait, ce qui me saute aux yeux, c’est les rendements annoncés en fonction...du terroir.. "autrefois, sur les coteaux de Saumur (..) la vigne..donnait cinq à six barriques à l’hectare. On peut, certes, lui faire donner plus, sans l’épuiser." 6 barriques, c’est 13 hl/ha. MAISONNEUVE LA TAILLE

MAISONNEUVE LA TAILLE

"la taille du Chenin en coteau est courte..Cette taille est en rapport avec la vigueur très modérée des ceps. C’est celle qui est pratiquée sur les coteaux abrupts du Layon et de la Loire, où la terre végétale forme une couche très mince, le cep étant réduit à chercher sa nourriture dans le dur rocher qui affleure." JANVIER 2010 TAILLE AUX TOUCHES

JANVIER 2010 TAILLE AUX TOUCHES

"Dans ces conditions, la production normale est très faible, douze à seize hectolitres à l’hectare et assez souvent moins. En 1921 elle n’a atteint que cinq à dix hectolitres..." Maisonneuve poursuit : "Sur les pentes où la terre végétale présente une plus grande épaisseur, on charge un peu plus la vigne...Ainsi taillée la vigne peut fournir de dix huit à vingt-six hectolitres à l’hectare. MAISONNEUVE LA TAILLE

MAISONNEUVE LA TAILLE

"enfin sur les coteaux à pente douce et à sol fertile, et qui fournissent encore d’excellents vins, (...) une taille mixte (..) permet d’obtenir de 20 à 35hl.ha." Quelques remarques :
- Maisonneuve ne parle pas de rendements de secs ou de liquoreux : les vins l’étaient selon le millésime, les terroirs, les vignerons. On parle donc de rendements maximums en secs, vraisemblablement.
- les rendements maximums en secs en appellation sont aujourd’hui bien plus élevés : qu’est ce qui l’a permis, quelles conséquences ? En 1999, j’ai organisé pour Hélène Piot, pour la parution du livre "Un siècle de millésimes", une dégustation de vins du Layon du début du XXème siècle aux années 90. James Gauthier, directeur du centre INAO d’Angers dans les années 80, y a participé. Il nous a alors expliqué que curieusement, alors que les millésimes 1969-1970-1971 formaient du point de vue climatique une très belle trilogie, seule l’année 69 était restée dans les mémoires. Son explication : à partir des années 70, l’utilisation massive des engrais chimiques a entraîné une dégradation qualitative des vins, dans leur rapport au terroir. Auparavant, à l’aveugle, il arrivait à distinguer les parcelles, les millésimes. Depuis les années 70, non. Pourtant, les vignerons angevins en 1928 connaissaient la fumure. Mais... "Les anciens vignerons ne graissaient guère leurs vignes. Ils avaient la crainte que le fumier poussant trop à la production des feuilles ne nuisît à la qualité, ce en quoi ils n’avaient pas tout à fait tort". (Maisonneuve).
- les vignerons angevins qui ont voulu retrouver leurs terroirs dans leurs vins, bios ou non, ont pour la plupart abandonné les engrais chimiques, et tenté de calmer la vigueur de certains clones trop fertiles : le résultat a été une baisse assez sévère des rendements. Qui parfois leur a valu d’être considérés comme de "mauvais vignerons".
- en fait, ils ont simplement retrouvé les rendements que les anciens obtenaient avec des vignes non "dopées". Leurs vins ont retrouvé leur identité.
- Un vin d’AOC, théoriquement, c’est un vin d’expression de terroir. Or les cahiers des charges des AOC après la "révolution agricole" de l’après deuxième guerre mondiale ont intégré sans aucune réflexion, implicitement la plupart du temps, toutes les techniques productivistes, des engrais à la chaptalisation.
- mais le rendement est le principal facteur de formation du coût de production.
- Résultat : une distorsion de concurrence flagrante sur le marché, puisque sous la même étiquette "AOC" on trouve des vins obtenus dans un rapport au terroir et à des coûts de production totalement différents.... C’est tout l’enjeu de la réforme des Signes de qualité européens en cours....voir mon précédent article..

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