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LE TERROIR, C’EST PAS RINGARD

dimanche 13 décembre 2009


Le 24 novembre, je suis allé à Stockholm présenter le Domaine et ses vins à une manifestation organisée par "HAUT LES VINS". http://www.winebeveragecenter.com/France_Haut_du_Vins/haut_du_vins.html HAUT LES VINS AU GRAND HOTEL A STOCKHOLM

HAUT LES VINS AU GRAND HOTEL A STOCKHOLM

Haut les vins ? Des vignerons européens qui se sont choisis et regroupés autour de leur travail sur le lien de leurs vins à leurs terroirs. Le sigle AOC, qui devait à sa création indiquer aux consommateurs de façon "contrôlée" que l’étiquette portant ce sigle lui garantissait un vin non seulement provenant d’un lieu qualitatif précis, mais aussi d’un travail vigneron le mettant en valeur, est devenu un fourre-tout illisible, mélangeant vins de soifs, vins de volumes, vins industriels, et vins de terroir. D’où la multiplication des regroupements divers de vignerons désireux de redevenir visibles aux consommateurs dans leur démarche... De même que le sigle AOC a perdu de son sens, kidnappé par son succès commercial, le mot "Terroir" est devenu indispensable dans n’importe quelle grande surface pour vendre le moindre bout de saucisson. Pour autant, le terroir, ça existe encore vraiment, et c’est même porteur de vraies valeurs, d’échanges entre les hommes, de culture...L’amour est mis à toutes les sauces commerciales, mais la collection Harlequin n’a tué ni le mot, ni la chose... Donc, HAUT LES VINS, concept résolument moderne, d’autant plus moderne qu’il n’est basé ni sur le sectarisme, ni sur l’esprit de chapelle ; il n’y a pas qu’une voie à l’accès au terroir, même si tous les chemins n’y mènent pas. Le Domaine Patrick Baudouin a certes choisi l’agriculture biologique comme un de ces chemins, mais ce n’est pas la condition d’appartenance à Haut les Vins, et c’est très bien comme cela : ouverture mais exigence, échanges passionnés mais écoute réciproque : le terroir a besoin de rigueur, de passion, de recherches, mais le chemin est toujours à explorer pour l’atteindre, et les certitudes l’amèneraient..dans un cul-de-sac...

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4 Messages de forum pour cet article

  • LE TERROIR, C’EST PAS RINGARD 14 décembre 2009 09:23, par David Cobbold

    Non, bien sur que le terroir n’est pas "ringard". Il existe, mais il faut arrêter de l’encenser à ce point. Vous citez Dion en tête de votre blog. Mais ce grand géographe à aussi dit ceci : "A la vérité, si certaines formations géologiques, principalement dans les provinces septentrionales de la France viticole, exercent sur le vignoble une attraction manifeste, ce n’est pas en lui fournissant telles et telles substances utiles à la croissance ou à la fructification des ceps : c’est en défavorisant la culture du blé, qui est concurrente de celle de la vigne." Et, un peu plus loin, il dit aussi : "...ont crée des reliefs assez mouvementés, dont la vigne s’est emparée parce que la grande culture des céréales ne les disputait pas, et aussi parce qu’elle trouvait dans le voisinage, grâce à la navigation fluviale, des facilités d’exportation de ses produits." En résumé, l’émergence des terroirs viticoles avant l’avènement du chemin de fer doivent autant, sinon plus, à des contraintes économiques et de logistique qu’à des considérations géo-climatiques. Le concept actuel de terroir est donc une construction à postériori. Cela ne veut pas dire qu’il est "ringard", mais il faut, il me semble, relativiser sa prédominance dans vos discours. C’est vous, les hommes du vin, qui font le vin, avec les moyens à votre disposition. Il n’y a pas de "miracle" du terroir. Le vin est surtout humaniste, surement pas "naturel".
    cordialement
    David Cobbold

    • LE TERROIR, C’EST LE REGARD.... 14 décembre 2009 22:54, par patrick

      Bonjour David,
      Pour poursuivre cette discussion, abordée il y a quelques années sur mon stand au Salon des Vins de Loire, poursuivie il y a quelques mois au téléphone, à propos de la réforme des AOC, et ce colloque Dion dont vous avez été un des inspirateurs ... : je pense que nous sommes d’accord, et je pense que vous sous-estimez à quel point. Si vous lisez ma communication à ce colloque, en pj sur ce blog, dans l’article : "pas de terroir sans l’homme", si vous lisez toute la citation de Dion en exergue du blog, cela ne dit pas autre chose. Mais, et vous le savez bien, quand on veut appuyer sur un aspect d’une question, on court toujours le risque d’être compris unilatéralement. Dans cet article, j’ai voulu défendre le concept de "terroir" brandi indûment non seulement par les marchands de saucisson industriel, mais aussi par le système AOC qui a précisément oublié que "ce sigle garantissait un vin non seulement provenant d’un lieu qualitatif précis, mais aussi d’un travail vigneron le mettant en valeur". Le fil de ma communication au colloque est : "stop à la "naturalisation" du terroir, relisons Dion", je suis donc à l’opposé total de "l’encenser à ce point". Ce n’est pas un seul débat d’historiens : c’est au coeur du travail actuel de rédaction du "lien au terroir" demandé par l’INAO aux ODG (ex syndicats d’appellation). Et la pression professionnelle, institutionnelle, me fait craindre le pire : actuellement, nous allons vers la reconduction de l’utilisation naturaliste du terme "terroir" par les AOC, vers une simple rédaction formelle du "lien au terroir", sans que la question clé de l’évaluation des techniques vigneronnes de mise en valeur des terroirs (vie du sol, outils oenologiques, etc..) ne soit sérieusement posée. Or, comme me le dit mon ami Dominique Denis, "le terroir, ça se mérite". Ce que disait aussi Capus, et que tout le monde a oublié, le terroir étant devenu..tiroir caisse.
      Oui le terroir est une histoire humaine, oui le terroir n’existe pas en lui-même sans des choix des intervenants pour l’exprimer, non le vin n’est pas "naturel", oui il faut cesser de le brandir pour faire et vendre n’importe quoi, de le galvauder en tant que rente de situation...Et oui, dans certaines conditions, il existe...
      Cordialement, Patrick Baudouin.

      • LE TERROIR, C’EST LE REGARD.... 19 décembre 2009 18:32, par David Cobbold

        Cher Patrick,
        Je vous réponds un peu tard, mais je n’étais pas averti de votre réponse (une idée pour mieux animer votre blog : l’avertissement automatique aux correpondents ?).
        Oui, en effet, je crois que nous sommes assez d’accord sur certains aspects de cette question. Cependant, à mon avis, vous ne soulignez pas assez les axes économiques (concurrence avec le blé) et logistiques (nécessité d’avoir un cours d’eau à proximité) des propos de Dion au sujet de l’émergence des sites viticoles. Je pense qu’on devrait aussi insister davantage sur un autre aspect économique, mentionné bien avant par Olivier de Serres, et qui est la nécessité de disposer d’un marché rentable pour ses vins afin de faire émerger une production de qualité.
        Capus avait très souvent raison, je suis d’accord. Comme je suis profondément d’accord qu’une vision purement "naturaliste" de la production viticole, et qui retire le rôle déterminant joué par l’homme, donne une fausse base à des discussions sur ce qui fait un vin "de qualité".
        Volonté, argent et savoir-faire, sont, avec des conditions naturelles propices, les quatre piliers d’une production qualitative de vin. Avec le vin, l’homme est au carrefour entre technologie et nature. C’est lui qui règle la circulation, et le carburant, c’est l’argent.
        amicalement
        David

        • LE TERROIR, C’EST LE REGARD.... 22 décembre 2010 16:07, par GhR

          Eûh, question naïve :
          prenons un Vigneron, sur la commune de Gevrey-Chambertin, par exemple. Sur un même coteau, tout est identique, n’est-ce pas : localisation géographique donc, et logistique, et axes économiques... Et, sur une même exploitation - la sienne -, tous les savoirs, toutes les capacités humaines et techniques, peuvent être mises en oeuvre à l’identique, n’est-ce pas... Mais, alors, pour quelles raisons obscures, ce romantique à l’ancienne se satisfait-il d’un "Vin Village" sur certaines parcelles, alors qu’il lui suffirait de "vouloir" pour produire du Chambertin ?
          People are strange... !


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